La Grande Dame
Mieux que ces mots étroits, l'abbaye de mes songes
Surplombe la vallée, contrarie le mensonge
D'une Loire tarie, d'une terre à mystères.
C'est d'un sol empourpré et de cœurs en colère
Que je viens. Honorez-vous toujours un présent ?
D’Aragon, Ô si bien ! Le poète épuisant
De réel associe son art à ma patrie.
Sous la voûte, une larme éclot en droiterie
À attiser mon mal - Le Mystère intérieur
N'est accessible enfin qu'à ce concave cœur
Qu'on ne trouve en cherchant. Une fidélité
Nous unit de distance et de frivolité
Quand, sitôt effacés, les mirages pervers
Révèlent ce contrat, suffisant, et ouvert.
Fleuve parfois tari qui dans l'Histoire plonge,
RépondreSupprimerAyant la majesté, le calme d'un gisant,
Comme un miroir obscur pour les jours du présent ;
Et du sable au milieu, où l'avenir s'éponge.
Au long de ton pays ton rivage s'allonge,
Où viennent méditer les humbles paysans
Et l'âme des seigneurs devenus vers luisants,
Qu'un tourment d'autrefois toujours harcèle et ronge.
Je vois l'eau qui avance en descendant des monts
Et ne remonte point comme font les saumons,
Mais quand elle est en mer, cette eau qui s'évapore
Revient vers les sommets, à la force du vent
Et se fait source pure, et ruisseau, comme avant,
Et le fleuve en lui-même à nouveau s'incorpore.